En route pour nos quartiers d’hiver

En route pour nos quartiers d’hiver

Cap au sud, nous traversons le Skagerrak, bras de mer réputé être agité. Le vent vient du nord-ouest et nous pousse en direction du Danemark. Nous visons l’entrée du Limfjord et arrivons à Tyborön à trois heures du matin. Au lieu de nos cinq nœuds habituels, Naviot a galopé a sept nœuds rien qu’avec la grand-voile, réduite d’un ris. Du coup, nous arrivons avant le lever du jour – l’atterrissage de nuit étant un exercice que nous n’avions plus pratiqué depuis longtemps – dur, dur… De retour au Danemark, nous retrouvons ses paysages doux aux longues plages de sable et le fjord très protégé qui traverse tout le nord du Jutland. Ils y cultivent huîtres et moules que nous goûtons avec plaisir.

La météo nous sourit, et nous pouvons traverser le fjord tout à la voile en suivant les chenaux navigables. Ils nous ramènent en zigzag vers la mer baltique, bien plus tranquille que la mer du nord. A la sortie, on tourne à droite, et nous relongeons cette côte, comme il y a deux ans, quand nous arrivions d’Ecosse. Mais il y a tellement de possibilités ici, que nous ne nous arrêtons qu’une fois dans un port que nous avions déjà visité. Sinon, tout reste découverte pour nous. Notamment la ville d’Aarhus avec ses beaux quartiers de vieille ville, et son quartier près du port, tout neuf, d’une modernité audacieuse, incroyable. Quel contraste !

Août avance, et nous avons rendez-vous le 25 avec Marc du coté de Hamburg. Il ne nous reste plus qu’à avancer. Cap au sud, vers Kiel, où nous prendrons le Nord-Ostseekanal. Mais avant de traverser l’écluse, nous rencontrons encore une fois nos amis Brigitte et Heinz de Lübeck qui viennent tout exprès en voiture à Heikendorf. Quel plaisir !

Le lendemain nous passons l’écluse de Holtenau pour la troisième fois. Une nuit à Rendsburg réveille en nous les souvenirs de notre séjour il y a deux ans, mais cette fois, nous continuons vers l’ouest et l’Elbe.

Sortis de l’écluse de Brunsbüttel, nous remontons le fleuve jusqu’à Glückstadt, où Marc nous rejoint un dimanche soir, après avoir traversé toute l’Allemagne en train. C’est un exploit, avec huit changements de train et même un bout en bus pour cause de chantiers multiples sur le trajet. Avec lui, nous descendons l’Elbe. Dernière escale en Allemagne à Cuxhaven, et nous profitons d’une fenêtre météo favorable pour avancer vers les Pays-Bas. A trois, il est aisé de naviguer de nuit, chacun faisant 3 heures de quart avant que le jour revient.

Le lendemain nous ancrons derrière l’île de Vlieland avant de pénétrer dans la Waddenzee, cette zone peu profonde entre les îles de Friesland et le continent, qui se couvre et découvre au gré des marées. Elle est traversée de quelques chenaux plus ou moins profonds, navigables selon la direction des courants. Il fait beau, et on dirait que tout le monde veut rejoindre l’IJsselmeer ce jour là.

Vers 16h nous arrivons à l’écluse de Kornwerderzand et pouvons juste encore passer le pont ouvrant devant l’écluse – avant dernier bateau, après ils l’ont fermé jusqu’au prochain passage. Une fois la porte de l’écluse ouverte, tout le monde se précipite. Elle se remplit, se remplit, et nous suivons pour nous amarrer au milieu de cette foule. Nous n’avions jamais vu une écluse aussi pleine que ça.

Tout se passe bien, nous discutons avec nos voisins qui rigolent de notre étonnement. Apparemment c’est courant ici en fin de weekend quand tout le monde rentre. Nous amarrons à Hindelopen, charmante petite ville que nous avions déjà visité lors d’un weekend de régate où Marc avait couru à Workum il y a une dizaine d’années.

Nous traversons l’Ijsselmeer à la voile jusqu’à Enkhuizen. A l’arrivée, nous avons la chance de pouvoir entrer à travers un petit pont levant dans le vieux port. Nous amarrons dans la vieille ville -exceptionnel !

A Enkhuizen se trouve un musée superbe. Sorte de petit Ballenberg qui montre la vie dans la région il y a 100 à 150 ans. On peut rentrer dans les différentes maisons et même dans les bateaux amarrés dans le petit port du musée.

Nous nous remettons en route direction Amsterdam un jour sans vent, c’est la brise volvo qui nous pousse. Il y en a qui profitent de l’absence de vagues pour déménager…

Une petite halte à Amsterdam, et nous ressortons en mer du nord par les écluses d’Ijmuiden. De nouveau, nous profitons d’être à trois pour naviguer toute la nuit et arriver à Zeebrugge le lendemain. Petit vent tranquille, mais pas mal de bateaux et un chantier d’éoliennes à éviter dans le noir. Avec ou sans lune, ça fait une différence. Les aides à la navigation comme une bonne carte électronique, la VHF et un AIS s’avèrent bien utiles.

De Zeebrugge, un port bien abrité, nous prenons le train pour visiter Brugge. Belle ville, même par météo pluvieuse.

Une portion de moules/frites et une gaufre plus tard, nous longeons encore cette côte pleine de hautfonds jusqu’à Nieuwport. Un grand repaire des frères de la côte – le voilier en face de notre place d’amarrage arbore le pavillon. Loulou va leur dire bonjour, et le soir même nous allons partager un verre avec eux dans le cadre de l’apéro du ponton du samedi soir. Un accueil vraiment sympa – merci l’équipe! Nous voulions avancer rapidement jusqu’au Havre pour que Marc puisse effectuer un maximum de milles marins afin de valider son permis mer, mais voilà que la météo ne nous a plus souri. Une dépression avec de forts vents d’ouest s’est pointée et nous sommes restés coincés une semaine au port. Repos donc, et assez de frites jusqu’à la fin de l’année… Une dernière petite étape, et Marc débarque à Dunkerque d’où il prend le train pour rentrer – un seul changement à Paris, bien quand même, ces TGVs. Nous continuons en longeant la côte d’albâtre. Devant Calais, nous voyons même les falaises de craie anglaises.

Notre dernière étape est sportive. Nous sommes en période de forte marée et Carentan, notre but est au fond de la baie de Seine, coté Cotentin. Cela signifie que nous ne pouvons accéder au port qu’avec la marée montante, à partir d’un certain niveau d’eau. Ce sera bon à 10h du matin. Nous calculons notre route avec 6kn de vitesse. Départ vers 15h, vendredi après-midi – soleil, vent et courant dans le bon sens, nous pensons que ce sera facile. Loin de là – tous ces effets positifs nous font avancer trop vite (8-9kn), et pour la première fois, nous avons du ralentir le bateau pour ne pas arriver trop tôt. D’abord sous voile réduite, ensuite sans voiles ni moteur nous avançons encore à 4,5kn. À 6h du matin nous devons tirer un bord vers le nord pendant deux heures, puis revenir en arrière pour être à l’entrée du chenal à la bonne heure. Ce petit bord en travers de la houle et du vent nous à évidemment bien secoué, et un mal de mer corsé nous à terrassés ces quatre dernières heures de navigation de l’année. J’y avais échappée jusque là cet été, mais la mer ne voulait pas que je ne paye pas mon ticket…

Nous amarrons à Carentan bien fatigués vers midi. L’accueil par le responsable du port est très sympa et il nous octroye une bonne place près des commodités pour passer l’hiver. En tout, nous avons fait 2323 milles nautiques cet été, et le Naviot mérite bien cette halte pendant laquelle nous effectuerons quelques travaux pour le garder en bonne forme.

Norvège, chapitre deux

Norvège, chapitre deux

Après le départ de nos amis, nous sommes restés encore quelques jours à Sandefjord, ville avec un grand passé baleinier jusqu’en 1986, quand on a arrêté la chasse commerciale à la baleine au niveau international, faute de cibles survivantes. Mais il faut dire aussi, que la Norvège pratique toujours cette chasse avec une flotte de onze bateaux, et on peut y acheter de la viande et des saucissons de baleine. Nous étions surpris de découvrir cela. Pour le coup, nous avons visité le musée qui nous a expliqué tout ça.

Bon vent et grand soleil nous mènent vers le sud-ouest, à Risör, petit port protégé par les îles, une fois de plus. Charmante halte, où nous rencontrons Astrid et son mari, navigateurs norvégiens, qui nous donnent plein de conseils pour des jolies places où s’arrêter pendant notre chemin vers Bergen. Nous prenons plein de notes, et ils sont tellement contents d’avoir passé l’après-midi à tchatcher avec nous, qu’elle m’offre une superbe paire de chaussettes qu’elle a tricotées elle même !

Premier conseil suivi, nous passons à travers Lyngör ancien village de pêcheurs, aujourd’hui patrimoine Unesco, vraiment très joli, il est bâti sur les deux côtés du bras de mer.

La météo est assez changeante, le vent souffle un jour du nord, le suivant d’ouest et après d’est. Nous le suivons et restons quatre jours à Kristiansand, à l’extrême sud du pays, en attendant qu’il tourne favorablement pour nous. Mais il fait grand beau, et nous visitons cette ville pleine d’œuvres d’art.

Et enfin, le 27 juin, le vent vient du sud-est, nous partons à 6h30 et naviguons toute la journée – 64 milles nautiques – pour amarrer dans le tout petit port de Kirkehamn. Tellement pas touristique, que la nuitée au quai communal est gratuite… Nous avons définitivement quitté la région d’Oslo.

Et directement, le lendemain, nous continuons. Il faut profiter de ces vents. Il paraît qu’il n’y a pas tous les étés une fenêtre favorable pour contourner ce coin sud de la Norvège. Nous avons discuté avec un navigateur suisse, qui nous a raconté qu’au bout de trois semaines d’attente, il est retourné en Suède sans avoir visité la côte ouest norvégienne. Cap au nord donc, et en quelques jours nous arrivons à Haugesund, dernier port du coté de la mer ouverte. De là, nous entrons dans les fjords et sommes à l’abri des vagues de la mer du nord. Nous découvrons que ces fjords sont tellement profonds, qu’on peut oublier d’ancrer. Par contre, on y trouve partout des petits pontons pour s’amarrer. Première expérience Lykelsöy (traduit: île du bonheur).

Vers 20h nous partons pour une petite promenade du soir. En suivant un joli chemin marqué, sur un sol tout élastique de mousses, nous arrivons dans l’autre baie de l’île, et là, un appel – hallo, hallo – nous parvient. Nous saluons en retour, et la dame nous fait signe de venir vers elle. Il y a deux bateaux au ponton, et un homme en sort en nous demandant: « Akvavit ? » Cela ne se refuse pas, et nous nous retrouvons à partager un verre sur une petite terrasse au bord de l’eau, à discuter et rire, c’est génial. Vers 22h, nous repartons vers notre bateau – encore une heure de marche – en ayant refait le monde.

Et gentiment, nous arrivons à Bergen, où nous avons rendez-vous avec Sibylle et Olivier qui viennent nous rejoindre pour une semaine de vacances. Notre arrivée à Bergen confirme la réputation de celle-ci d’être la ville la plus pluvieuse de l’ouest norvégien.

Le lendemain, tout change.

Sous un soleil radieux, nous montons sur le Flöyen en funiculaire pour admirer cette vue spectaculaire – et avec nous 100’000 touristes ressentis qui sortent des grands bateaux de croisière tous les jours. ça grouille en haut, mais pour faire la descente à pied, nous ne sommes que quelques uns…

Et bien sûr, nous prenons contact avec les frères de la côte de Bergen dont Heinz nous avait donné les coordonnées. Rencontre chaleureuse, ils nous ont donné plein de bons conseils pour découvrir de jolis coins. Merciii.

Le 10 juillet, nos invités arrivent. Pour Sibylle c’est une première de naviguer en mer. Le choix de la route dans les fjords est donc idéale, car pas agitée du tout.

Nous partons de Bergen pour aller trouver Uwe, frère de la côte, qui est gardien d’une île sur laquelle Ole Bull, compositeur norvégien avait bâti sa maison. Superbe escale avec une balade où nous avons cueilli plein de myrtilles. Superdessert, plein de vitamines !

Notre vadrouille à travers les fjords nous amène au Hardangerfjord, spectaculaire avec ses montagnes qui montent tout droit de la mer à plus de 1000m d’altitude.

Nos équipiers débarquent pour de nouvelles aventures, et nous remettons le cap au sud. Juillet tire vers sa fin et nous devons penser à avancer vers notre port d’hiver qui sera en Normandie cette année. Mais nous profitons encore de cette Norvège si belle. Nous ne sommes pas pressés. Le 23 juillet nous arrivons à Stavanger, belle ville avec un passé de port de pêche et aussi du forage du pétrole norvégien. Nous y avons passé quelques jours et avons évidemment visité le musée du pétrole.

Nous profitons d’un vent du nord pour achever notre descente de la côte norvégienne et la quittons le 31 juillet en direction du Danemark. Bye bye, et probablement à un autre été. Nous avons vraiment adoré !

Norvège, chapitre premier

Norvège, chapitre premier

En juin, à nous la Norvège ! Nous avons même eu droit à un comité d’accueil un peu spécial …

… passant silencieusement à coté d’eux, poussés par le vent, ils ont paresseusement daigné nous regarder. Surtout, n’interrompons pas notre sieste! Notre premier port en Norvège, Skjaerhalden, se situe dans un archipel nommé Vhaler – les baleines. Vu la forme des roches, tout arrondies, on comprend. Nous sommes à l’entrée de l’Oslofjord que nous allons monter en zig-zag jusqu’à la capitale.

Premier zig – nous arrivons sur Oestre Bolaeren, petite île, ancienne place forte qui raconte l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. On y trouve toujours des ruines d’où les canons pouvaient bloquer l’accès au fjord. Nous avons entrepris le tour de l’île, superbe balade de deux heures dans une nature printanière à souhait.

Fin mai nous amarrons à Oslo. Escale de dix jours, pendant lesquels nous prenons le temps de visiter ville, musées, parcs et spectacles. Notre première visite est pour le Fram, bateau que Fritjof Nansen avait conçu pour se laisser dériver dans la glace arctique dans l’espoir d’arriver avec le courant au pôle nord. Cela n’a pas fonctionné, mais l’expédition a quand même démontré que la glace avance en permanence. Ils sont rentré trois ans plus tard (1893-96) en ayant parcouru un trajet entre les îles Terre du Nord -vers le milieu de la cote de Sibérie, jusqu’aux îles du Svalbard, le bateau enfermé dans la glace. Sacré exploit quand on pense au matériel qu’ils avaient à disposition dans les années 1890. C’est avec ce même bateau qu’un autre explorateur norvégien, Roald Amundsen, est parti découvrir le pôle sud en 1911. Les deux explorateurs ont tellement bien préparé leurs expéditions qu’ils ont réussi à rentrer sains et saufs, tout en ayant relevé plein de données scientifiques qui ont ouvert la voie aux connaissances des régions polaires.

Juste à côté, un autre musée qui parle d’un autre explorateur norvégien. Thor Heyerdahl, anthropologue et archéologue a voulu démontrer sa théorie, disant que la Polynésie s’était faite coloniser depuis l’Amérique du sud, et pas depuis l’Asie. Pour cela, il a construit en 1947 un radeau en balsa avec lequel il est parti du Pérou pour arriver trois mois plus tard aux Tuamotu. Expédition réussie, mais est-ce que cela correspond à la vérité ? On ne le saura probablement jamais. Intéressant quand même.

Nous continuons nos balades à travers Oslo et arrivons au parc Vigeland. Grand parc où sont exposées plus de 200 sculptures de l’artiste Gustav Vigeland (1869-1943). Elles sont principalement en pierre et figurent des humains. C’était extraordinaire de s’y promener un dimanche après-midi ensoleillé. Ce n’étaient pas encore les vacances et les Osloiens venus s’y prélasser étaient nombreux. Ils piqueniquaient, jouaient sur l’herbe et les gamins barbotaient dans les fontaines.

Un orage plus tard, le temps estival change. Après trois semaines de soleil, les nuages reviennent, la fraîcheur aussi. Selon les gens du coin, la météo redevient normale… Pour moi, ça aurait pu durer. Nous continuons nos visites. Depuis le toit de l’opéra, on a une superbe vue .

Incontournable musée sur Edvard Munch

Nous ne nous contentons pas de la visite du toit de l’opéra, nous réussissons à nous procurer des billets. Ils donnent Candide de Leonard Bernstein – vraiment splendide. Ne pouvant pas prendre de clichés pendant le spectacle, nous en avons pris quelques uns juste avant le début.

Arrive le 8 juin, et nos amis Manon et Roger nous rejoignent pour une semaine. Avec eux, nous descendons l’Oslofjord, cap au sud. Une semaine de rigolade, de jolie navigation malgré une dent cassée de Louis. Nous avons du chercher un dentiste en urgence et Louis a une fois de plus testé un traitement dans un autre pays. Chaque année il nous fait le coup! La météo reste changeante, mais les paysages sont toujours aussi beaux.

Arrivés à Sandefjord, nos amis nous quittent déjà. La semaine s’est passée à toute vitesse. Merci pour ces bons moments.

Mais, mais, mais, mé en Suède en Mai

Mais, mais, mais, mé en Suède en Mai

Hej Sverige, je peux ressortir mes quelques mots de suédois du fond de mon cerveau. Nous retrouvons le pays de notre dernier été, mais pas du tout la même région. Toujours cap vers le nord, nous longeons cette côte qui, depuis Varberg est pleine d’îlots, des skärer. L’année passée, sur la côte est, elles étaient en rochers cassés aux arrêtes vives et souvent boisées. Sur la côte ouest, exposées aux flots du Kattegat et polies par des glaciers de la dernière ère glaciaire, elles sont tout en rondeurs et nettement moins vertes.

Sous spi asymétrique, nous arrivons à Varberg, jolie ville avec un Kaltbadhus bien visible en arrivant dans la baie. Construite à la fin du 19ème et restaurée plusieurs fois, on peut toujours aller s’y baigner, voir boire un café.

Nous sommes le 10 mai, et le printemps arrive. Les premiers lilas fleurissent et embaument tout de leur parfum. Prochaine escale, la grande ville de cette région, Göteborg. Nous partons tôt et profitons des vents de sud pour avancer.

Trois jours à Göteborg, pendant lesquels nous cherchons quelqu’un capable de dépanner notre frigo. Après quatre ans de bons et loyaux services, il a perdu son gaz réfrigérant, et pour en remettre, il faut un spécialiste. C’est en recherchant les infos de ce genre que nous découvrons la ville et la gentillesse des gens du coin. Au deuxième chantier naval où nous nous rendons, on nous met en contact avec un spécialiste, et le lendemain notre frigo ronronne de nouveau tout en fraîcheur. Après cinq jours sans, nous apprécions le beurre dur et la bière glacée… Car oui, nous sommes arrivés en été, il fait 20-25°C par un soleil radieux. Il paraît que ce n’est pas normal en mai, mais personnellement ça me plaît bien comme ça.

Nous profitons de la météo incroyable pour avancer. Prochain but, Oslo – donc nord, nord et encore nord. Première escale, Marstrand. Jolie île bien touristique, car à 23 milles nautiques seulement de la ville. L’idéal pour une sortie de weekend pour les habitants de Göteborg. A l’époque le seul port sans glace en hiver sur cette côte, elle était une base navale importante et porte toujours son fort sur son point le plus haut.

Belle balade autour de l’île! Prochain port, Lysekill, petite ville charmante, bonnes glaces, et toujours ce soleil…

Autre port extraordinaire, Hunnebostrand, qui avait une carrière au bord de l’eau.

Nous escaladons le rocher qui surplombe le port et le voilà, merveilleuse baie entre les îles, naturellement protégée de tous les vents.

Nous continuons notre route direction Norvège – Bye bye la Suède, nous avons adoré ce mois à naviguer dans tes eaux.

Enfin de nouveau à bord

Enfin de nouveau à bord

Après cinq mois, nous avons enfin rejoint notre Naviot qui nous a patiemment attendu à la marina de Lübeck. Nous l’avons retrouvé en parfait état – il faut dire que nos amis lübequois l’ont surveillé de près durant tout l’hiver. Merci Brigitte et Heinz pour votre travail !

Nous sommes arrivés à la mi-mars, et Louis a tout de suite commencé les préparatifs. Chercher les voiles chez le voilier, le moteur hors bord chez le mécanicien et monter tout cela à bord. Remettre le moteur en route, remplir les réservoirs d’eau douce, remonter sa radio et l’ordi du bord etc , etc. Pendant ce temps, j’ai ramené notre voiture de location en Suisse et j’ai terminé quelques affaires en cours au pays. Une petite semaine plus tard, j’ai aussi rejoint le bord pour l’été, confortablement en train. Encore deux semaines de travail et de plaisir d’être avec les frères de la côte de Lübeck, et nous nous sommes lancés le 6 avril dans nos navigations de l’été.

Nous descendons la Trave un beau et doux jour de printemps. Un dernier aurevoir de nos amis venus nous attendre sur les quais de Travemünde, et nous sortons en mer, hissons la grand-voile et déroulons notre génois flambant neuf. Merci Eric pour ce beau travail !

Première halte, Grossenbrode, où nous tombons sur « Arche de Noé », voilier rencontré l’été dernier à Stockholm. Petit souper ensemble, et dessert à bord du Naviot. Des hasards comme ça se fêtent.

Encore une dernière halte en Allemagne, à Orth sur Fehmarn, et nous voilà en route pour le Danemark. Nous arrivons à Marstal après une navigation avec un phénomène météo curieux. Partis avec un joli vent d’est, nous arrivons dans une zone sans vent. La brise Volvo nous pousse donc et je regarde tranquillement le ciel. Je vois des nuages qui forment comme deux énormes rouleaux l’un sur l’autre. Le temps de les montrer à Louis, et une rafale de 25 nœuds de vent couche le pauvre Naviot. Qu’une chose à faire, mettre la proue dans le vent et ariser la grand-voile. Heureusement le génois était déjà enroulé pour avancer au moteur. Tout ça a duré un quart d’heure, après quoi un petit vent d’ouest s’est installé pour nous pousser vers notre but. En mer le temps peut être aussi rapide et changeant qu’en montagne. Amarrage à Marstal sous une pluie battante, pas du tout ce qui était annoncé…

Marstal, je voulais absolument le visiter. Florian, frère de la côte de Lübeck m’avait prêté un livre cet hiver – « Nous, les noyés » de Carsten Jensen – qui y joue et raconte magistralement l’histoire de la marine marchande danoise de ces dernières 150 années. Une ville bourdonnante à l’époque qui a sombré dans un sommeil tranquille que n’agitent plus que les touristes et les plaisanciers en été. Il restent deux chantiers navals, de jolies ruelles et un superbe musée de la marine avec d’innombrables maquettes des bateaux qui ont navigué dans cette région.

Trois jours d’arrêt, et nous repartons vers le nord. J’ai l’impression de suivre les jonquilles. Elles fleurissent partout et sont toujours au même stade.

Nous poursuivons notre chemin par petites étapes. Lundeberg, Kerteminde, Samsö – mais il fait encore froid et nous devons souvent attendre le vent favorable pour avancer.

A Kerteminde nous avons visité la station de recherche sur les marsouins et les phoques.

D’île en île, nous arrivons sur Sjaelland, où se trouve Copenhague. Nous l’abordons par sa pointe nord-est et amarrons à Havnebyen. Petit port de pêche avec un chantier naval à l’ancienne, une superbe poissonnerie et un très bon resto. Tout ce qu’il faut pour être heureux. C’est pour nous un arrêt nostalgique, car nous y avons passé des vacances en famille il y a quelque vingt ans.

Un jour de près serré pour entrer dans le Roskildefjord. C’est le jour le plus froid du mois. 2°C par vent de nord-est, ressenti -5°. Mais bien émitouflés dans nos cirés avec plusieurs couches de dessous en laine et fibre polaire ce ne sont que les mains et le nez qui gèlent. Une belle balade à Frederikswaerk, puis nous remontons le fjord jusqu’à son bout, Roskilde. Sous les vikings, c’était leur capitale, avant que Copenhague soit fondée et lui prenne ce rôle.

J’écris ce chapitre alors que nous sommes toujours à Roskilde. Nous y sommes depuis une semaine, et le printemps est enfin arrivé. Il fait 18°C et hier nous avons vu les premières hirondelles. Youhououou !

Et bien sûr, en une semaine nous avons aussi pris le train pour retourner à Copenhague que nous adorons. Cette fois ci, nous avons refait une visite des jardins du Tivoli. La dernière était il y a une quinzaine d’années.

Demain, nous ressortons du fjord de Roskilde. En route pour la côte ouest de la Suède que nous n’avons pas visitée l’année dernière. Le prochain épisode sera donc suédois.

L’été tire vers sa fin

L’été tire vers sa fin

Eh oui, nous existons encore. Après notre halte au chantier naval, nous sommes repartis de plus belle vers le sud – la coque propre nous fait gagner un bon nœud. Notre fils Olivier nous rejoindra mi-septembre à Szczecin, en Pologne. Nous avons donc quelques milles à parcourir d’ici-là. La météo est de nouveau belle et la fin des vacances suédoises nous permet de trouver des places d’amarrages sans problèmes dans les ports. Ils sont presque vides. Il ne restent que quelques touristes allemands qui sont pour la plupart pressés de rentrer chez eux. Nous nous accordons le luxe d’avoir le temps.

Nous revisitons certains endroits que nous avions accosté au printemps (Västervik, Kalmar), mais découvrons aussi des nouvelles places en naviguant entre ces îles qui bordent la côte. Quelques fois, nous devons même remonter contre le vent (voir carte), timing oblige…

Nous descendons le Kalmarsund en tirant des bords, et avec deux jolies étapes sur Uitklippan et Christiansø nous arrivons à Bornholm, la terre danoise la plus à l’est du pays.

Nous amarrons à Tejn sur la côte nord de l’île et y restons quelques jours. Le vent souffle d’ouest et la traversée vers Rügen va précisément dans cette direction. Mais il fait beau, nous nous baladons donc à pied sur ce littoral magnifique.

Une halte à Nexö avant de quitter Bornholm nous permet de visiter deux musées charmants. Le premier montre des statues de sable, et le deuxième relate l’histoire du chemin de fer de l’île qui a fonctionné de 1900 à 1968.

Les statues se réfèrent en général à des légendes locales.

Au bout d’une semaine sur Bornholm, le vent tourne, et nous partons au lever du jour pour traverser les 65 milles nautiques pour arriver à Sassnitz sur l’île de Rügen en Allemagne. Les jours se raccourcissent et nous préférons arriver de jour dans un port que nous ne connaissons pas. Opération réussie, nous arrivons lorsque le soleil se couche après une navigation tout à la voile, vent arrière, génois tangonné.

Sassnitz et ses célèbres falaises de craie sont vraiment spectaculaires et nous avons adoré la balade surplombant la mer.

Encore une journée de navigation, et nous arrivons en Pologne. Première halte, Swinoujscie, porte d’entrée pour remonter le fleuve Oder. Petite bière avec une saucisse locale sur une petite terrasse au bord de l’eau. Nous essayons de capter l’ambiance du coin – pas facile quand on ne comprend rien du tout de la langue du pays. Mais le sourire étant universel, nous passons une bonne soirée avant de repartir pour Szczecin le lendemain. Canal, lagon, fleuve – nous traversons un paysage bordé de roseaux pour arriver dans une ville très industrialisée au passé chargé d’histoire. On y voit les efforts énormes de se mettre au niveau de la vie actuelle, après une longue période de communisme. Toute la ville est pleine de chantiers, que ce soit pour remettre en valeur les monuments historiques où redessiner les voies de circulation.

Olivier nous rejoint, et nous redescendons l’Oder, prenons à gauche dans le lagon avec le but de sortir en mer près de Stralsund. Mais comme souvent, on ne fait pas tout ce qu’on a prévu. Le pont normalement ouvrant à Wolgast est en travaux, et nous devons rebrousser chemin. Nous aurons parcouru le Stettiner Haff (lagon) en long et en large, car nous devons ressortir en mer par là où nous sommes entrés. Pas grave, le paysage et la météo sont beaux, et nous avons même vu un aigle de près.

Nous longeons donc la côte pour rejoindre Stralsund, belle ville hanséatique d’où Olivier reprend le chemin de la Suisse. Il faut bien que quelqu’un travaille…

Nous restons quelques jours à Stralsund avant de continuer notre chemin vers l’ouest, en direction de Lübeck où nous laisserons le Naviot pour l’hiver. L’automne arrive, et nous devons composer avec les premiers coups de vent. A Warnemünde, nous devons carrément attendre pendant une semaine une fenêtre météo navigable. Nous en profitons pour visiter la ville et aussi celle de Rostock.

Dernière étape en mer, nous arrivons le 8 octobre à Travemünde. Nous remontons la Trave pendant deux heures, passons un dernier pont ouvrant et amarrons le Naviot à Lübeck le 10. C’est tellement sympa de retrouver nos amis Heinz et Brigitte – c’est presqu’un peu comme rentrer chez soi. Ils nous aident pour préparer le bateau pour l’hiver. Il faut transporter les voiles chez le voilier pour les réparer, et le moteur hors-bord chez le mécanicien pour un service. Merci les amis ! La fin du mois est très occupée, et début novembre nous quittons le Naviot qui va hiverner dans la marina de Lübeck et nous rejoignons la Suisse pour y passer l’hiver et retrouver nos familles et amis.

Mille Îles

Mille Îles

La Suède en été est fabuleuse ! En plus, la météo est ensoleillée, nous n’avons pas de planning fixe et pouvons sillonner l’archipel devant Stockholm à souhait. De Nyköping nous traçons notre route vers le nord, et rentrons de plus en plus dans les terres. Voici la trace du Naviot sur la carte électronique entre fin mai et début août.

A Södertälje nous passons une écluse et passons dans le lac Malären, où nous bifurquons vers l’ouest pour aller nous amarrer au pied du château de Gripsholm, résidence royale depuis le 16ème siècle.

La famille royale logeait dans ce château magnifique en été et lors de périodes d’épidémie, bien à l’abri de la vie turbulente de la capitale, tout en étant pas très éloignée. Pas assez animée au goût de certains quand-même, car un prince a fait aménager une salle de théâtre qui est toujours utilisée. Aujourd’hui, il abrite une collection de tableaux représentant toute la noblesse et autres personnages importants de l’histoire suédoise. Je n’ai jamais vu une galerie des ancêtres aussi importante que celle-ci.

Enfin, nous mettons le cap vers Stockholm, où Marc vient nous rejoindre pour trois semaines. Il doit faire des milles (nautiques) afin de valider son permis mer. Nous repassons une écluse et trois ponts basculants pour rejoindre le Vasahamn au centre de la ville. L’endroit est bien situé, sur une île où se trouve une belle brochette de musées ainsi qu’un luna-park permanent et un grand parc boisé. Nous visitons bien sûr le Vasa, bateau du 17ème siècle, construit sur commande royale, il devait être le fleuron de la flotte. Manque de chance, le roi avait des exigences concernant les mesures, l’équipement en canons et le nombre de ponts, qui ont provoque son naufrage à peine sorti du chantier naval. Il a coule à 1,5 km de son départ au premier petit coup de gîte dans une douce brise, car son premier pont de canons était trop bas sur l’eau qui est entré à flot dans les sabords ouverts. Il s’est enfoncé dans la vase, et le taux salin réduit de la baltique à empêché la pourriture du bois. Un monstre flop, mais aujourd’hui, c’est le seul bateau de cette époque entièrement conservé qui existe encore.

Nous donc voilà à Stockholm, belle capitale où nous nous sommes promenés dans tous les sens. Car quand on est dans une ville où on trouve tout, on visite aussi en cherchant le matériel pour le bateau qui manque, les guides de navigation, le copy shop pour se faire imprimer des documents, le coiffeur pour raccourcir la tignasse de Loulou, et plein d’autres choses nécessaires au bon déroulement du voyage. Ces petits buts nous font découvrir aussi des quartiers un peu hors du circuit touristique – toujours intéressant.

Nous partons avec notre nouveau matelot vers le nord-est. A travers les îles jusqu’au bord de l’archipel pour en rejoindre un autre. Les îles Åland, où l’on parle suédois, mais qui sont finlandaises. Nous y arrivons le 30 juin et amarrons à l’avant dernière bouée libre du port. Il y a plus d’une centaine de bateaux, tous arborant le grand pavois. C’est magnifique, et nous apprenons qu’il s’agit de l’assemblée générale du cruising club de Finlande qui se tient cette année à Mariehamn. Nous étions chanceux de trouver une place !

Juin est fini, et nous avons la première pluie sérieuse depuis notre départ d’Allemagne. Elle nous cloue trois jours au port. Nous en profitons pour visiter la petite ville et ses environs. Marc visite aussi le Pommern, vaisseau sœur du Passat que nous avions visité en Avril à Travemünde (voir chapitre précédent) Après cette pause, nous avons slalomé à travers cet archipel, composé de rochers arrondis, poncés par les glaciers de la dernière glaciation. C’est vraiment spécial. Peu de terre sur la roche, donc seulement des arbres qui peuvent étendre leurs racines comme les pins, les genévriers ou les bouleaux qui sortent des petites fentes dans la roche – on se demande comment ils peuvent survivre. Sinon lichens, mousses et myrtilliers poussent partout.

Tout doucement le temps s’écoule et le moment de retourner en Suède arrive. Avec un bon vent de nord-ouest (annoncé nord), nous traversons les 60 milles nautiques au près dans une mer assez hachée, mais sous un soleil éclatant jusqu’à Gräddö, petit village avec une marina bien abritée. Nous y faisons le plein de victuailles et poursuivons direction Stockholm, en nous arrêtant à des places au noms exotiques tels que Vaxholm, Furusund ou Norrviken. Petits Ports ou mouillages – c’est de toute beauté.

Après trois semaines avec notre fils, il reprend l’avion pour retourner en Suisse, et nous repréparons le bateau pour notre prochain invité. Le 19 juillet Christian nous rejoint et nous repartons entre les îles. Notre ami avait navigué il y a 30 ans dans cette région à bord de son propre voilier, et nous a montré les jolis coins qu’il avait découvert à l’époque. Cap sur Rödlöga, petite île vers l’extérieur de l’archipel, que nous avons atteint en deux étapes à naviguer à la voile tout en douceur. Pas de vagues, peu de vent de la bonne direction – le rêve de tout navigateur.

En suivant une jolie boucle, nous passons par Sandhamn, ancienne station de pilotes, marina touristique aujourd’hui. L’endroit est plaisant et a conservé son charme d’antan.

La boucle s’achève, et nous rentrons à Stockholm par le sud. C’est un vrai labyrinthe. Je pense qu’on peut naviguer des années ici, découvrant de nouvelles places idylliques à chaque virage. Christian nous quitte, et nous nous retrouvons rien que les deux. Bizarre de devoir refaire toutes les manœuvres nous même – un équipier, c’est quand-même bien… Nous mettons cap vers le sud, il faut commencer à penser à la rentrée, la saison en suède s’achève bientôt, et les commerces estivaux et les ports commenceront à fermer dès la mi-août. La météo se dégrade et nous nous mettons à l’abri de la tempête Hans à Oxelösund. Ici, nous trouvons enfin un chantier naval qui est d’accord de sortir le Naviot de l’eau afin de lui donner un nouvel antifouling. Le pauvre était plein de bernicles après trois ans sans nouvelle peinture. Après ce traitement, comme tout neuf, notre bateau nous emmènera vers de nouvelles aventures.

Un grand merci à Corinne, Marc et Christian pour leurs photos !

Naviguer du Printemps vers l’Eté

Naviguer du Printemps vers l’Eté

Nous avons rejoint notre Naviot à Pâques en train depuis la Suisse. Voyage sans encombre jusqu’à Hamburg, puis en bus de remplacement à Rendsburg. La Deutsche Bahn profitait du long weekend sans trafic pendulaire pour faire des travaux sur la ligne. Les bus étaient pleins à craquer – soi disant que la fréquentation était inférieure à la normale… et nous, avec nos gros bagages! Imaginez le tableau. Quelques jours de préparation, et nous avons largué les amarres en direction de l’écluse côté Kiel par un beau matin d’Avril.

En sortant de l’écluse, nous hissons les voiles, car même avec le vent contraire, nous avons envie de faire vibrer notre bateau. Il a attendu assez longtemps. En quelques bord nous rejoignons Laboe, petite station balnéaire à la sortie de la Kielerförde. Tout va bien, nous ne nous étions trompé en rien en réinstallant les voiles avec tous leurs cordages, après les avoir stockées à l’intérieur pendant l’hiver.

Quelques jours à attendre que le vent tourne, et nous repartons à Bagenkop que nous avions déjà visité avec Olivier en Septembre dernier. C’est assez rare que nous accostons deux fois au même port, mais cela nous évitait de passer à travers un zone d’exercice de tirs de la marine allemande, interdite aux plaisanciers ces jours ci. Prochaine halte, Heiligenhafen et ensuite Travemünde et Lübeck. Car nous avions promis à nos amis Brigitte et Heinz de venir les trouver avec notre bateau.

A Travemünde nous avons visité le Passat avec notre guide préféré. Heinz nous a tout expliqué de ce grand voilier de transport de fret qui faisait régulièrement le tour du cap Horn pour aller chercher du guano au Chili ou du blé en Australie et ceci de 1911 à 1957. Sans moteur, mais avec les équipements les plus modernes de son époque pour braver les Océans avec un équipage assez réduit d’une trentaine d’hommes seulement. Le bateau est long de 115m, et a 4 mâts. Imaginez le travail par gros temps.

Nous sommes restés une dizaine de jours dans cette belle ville et avons passé du bon temps avec nos amis. Ils nous ont fait découvrir la campagne de l’Est-Holstein avec ses champs de colza en fleur et les forêts qui commençaient à verdir. Merveilleux printemps

Nous quittons Lübeck en nous jurant d’y revenir – peut-être pour l’hiver prochain, qui sait? Le 11 mai nous descendons la Trave et ressortons en mer par un joli vent de nord-est et du soleil. Quelques bords tirés au près plus tard, nous amarrons à Burgstaken sur l’île de Fehmarn, notre dernière escale en Allemagne pour un moment. Vent oblige, nous y restons une petite semaine, car il souffle exactement de la direction où nous voulons aller. Pas de problème, car cela nous donne le temps de visiter la petite ville et le sous-marin musée.

Enfin le vent tourne en notre faveur, et nous mettons le cap sur la Danemark. En suivant les îles de Falster, Mön et Sjaelland, nous retrouvons nos amis du Chimaera (Olivier et Corinne) près de Copenhague sur le petit îlot de Flakfort. C’est une ancienne forteresse devant Copenhague qui est aujourd’hui accessible aux plaisanciers. Ils avaient des amis Suisses à bord qui avaient apporté de la fondue. Elle fut excellente – merciii

Petite escale à Copenhague que nous avons revisité avec plaisir.

Après cette belle rencontre, nous mettons le cap sur la Suède. Nous passons devant Malmö avec son pont immense qui relie la Suède et le Danemark pour rejoindre la côte sud du pays. Plusieurs belles escales en suivant la côte nous amènent à Kalmar. Toutes ces villes et villages sont mignons tout plein, mais ce n’est pas encore « la saison », et tout est super calme. Bien souvent, les boutiques et restaurants sont encore fermés. Ca n’ouvrira qu’à la mi juin.

Nous passons quelques jours à Kalmar, belle ville avec son château magnifique. Un jour pour laver la lessive et l’intérieur du bateau, et bien sur, l’obligatoire visite du shipchandler local pour acheter quelques bricoles pour le Naviot. Notre ami François vient nous rejoindre pour nous accompagner un bout en direction de Stockholm, toujours vers le nord.

Devant Kalmar se trouve Oeland, longue île qui s’étire sur environ 130km pour 15km de large. Nous y faisons escale et louons des bicyclettes à Byxelkrok – oui oui, j’ai copié le nom juste…

De là, retour sur le continent, à Västervik, où nous avons testé une machine à laver la partie soumarine du bateau. Les algues sont parties, mais les bernicles sont restés… Louis les a gratté plus tard en plongeant en apnée – on a gagné un nœud!

La météo est extraordinaire, même les Suédois nous le disent. Cela fait un mois que le soleil brille et en allant vers le nord, il se couche de plus en plus tard pour se lever seulement quelques heures après. Il ne fait plus vraiment noir. La nuit est une sorte de crépuscule rejoint par l’aube – j’adore! Nous naviguons entre les Skärer, ces petites îles qui se comptent par centaines devant la côte. Pas évident de trouver sa route. Il faut bien la planifier et suivre constamment sur la carte la position. Ce n’est pas de tout repos, mais intéressant – une navigation en rase cailloux.

En slalomant tranquillement ainsi, nous arrivons à l’été et à Nyköbing où François nous quitte pour aller visiter Stockholm avant de rentrer en Suisse. Nous y restons quelques jours avant de continuer nous aussi vers Stockholm, où Marc va venir nous rejoindre.

Escale américaine II

Escale américaine II

Comme promis, ce n’est pas fini de notre aventure aux Etats-Unis. Le hasard fait parfois bien les choses, et il voulait que cette année le rassemblement international des Frères de la Côte, appelé World ZAF, ait lieu aux USA, à Galveston pour être précis. Il nous suffisait de trois heures de vol pour rallier Houston et rejoindre cet évènement qui est organisé normalement tous les quatre ans – cette fois ci avec une année de retard pour cause de pandémie. Des frères d’une dizaine de pays se sont rencontrés pour fêter et accessoirement discuter des affaires de cette confrérie de navigateurs. Ambiance garantie !

Il faisait enfin chaud, et nous pouvions mettre les shorts. Entre repas et sorties organisées, nous étions pleinement occupés.

Un jour nous avons visité les Moody Gardens avec son aquarium et sa pyramide de forêt tropicale – j’ai pu toucher la raie de la photo, c’est tout doux. Un autre jour, nous avons visité le centre de la NASA, très intéressant aussi.

Point culminant, le gala du dernier soir était simplement spectaculaire – tout le monde en tenue de pirate. Encore un excellent repas, et après bien des discours et cadeaux échangés, nous avons dansé et rigolé jusqu’à ce que les musiciens ont démonté leurs instruments.

Vendredi nous avons repris l’avion, cette fois ci pour New York. Car cette ville non plus, je ne l’avais jamais vue. Comble du bonheur, nous avons été accueilli chez Robert, frère de la côte de son état, dans sa maison à Long Island. Il nous a emmené voir plein de choses intéressantes – musées, spectacle, rues et avenues. Merci Robert, c’était génial que tu nous aies ouvert ta maison alors que tu ne nous avais jamais rencontrés – une expérience inoubliable !

Dimanche, les frères de New York nous ont reçus à leur Yacht Club sur City Island. Après une visite du petit musée naval de l’île, nous étions conviés à un déjeuner convivial. Encore une fois, nous avons rencontré des gens formidables, pleins de gentillesse, avec qui nous avons discuté et sympathisé. Un grand merci à vous tous, nous avons adoré votre compagnie.

Mars à New York a signifié pour nous un retour à l’hiver. Nous avons donc visité plusieurs musées, et un jour de neige, nous sommes carrément restés au coin du feu, sur lequel Robert nous a fait griller non pas des marrons, mais des clams. Je n’avais jamais goûté ça – Délicieux !

Notre périple américain s’est terminé sur ces belles rencontres. Après cinq jours à New York, nous remontons à bord d’un avion qui nous ramène à Lisbonne, où nous passons deux jours formidables avec Francisco et Isabel qui nous accueillent toujours si chaleureusement. Merci, merci, merci pour toute l’amitié que nous avons rencontrée durant ce voyage. Nous en avons rapporté tellement d’impressions et d’expériences, que nos pauvres têtes ont besoin d’un peu de temps pour tout assimiler. Après les fêtes de pâques en Suisse avec la famille, nous avons rejoint le Naviot qui nous a attendu tout ce temps en Allemagne. Après quatre mois d’absence, quel plaisir de rentrer chez soi…

Escapade américaine I

Escapade américaine I

Hello again, nous voilà de retour après un hiver bien actif. En effet, la nouvelle année a débuté pour nous avec un voyage rêvé depuis longtemps. Nous avons voulu échapper à l’hiver en allant visiter nos amis en Californie et en Arizona. Les billets d’avion allant du simple au triple en direction des USA, nous avons choisi TAP et une escale à Lisbonne pour nous rendre à San Francisco, où nous avons été accueillis chez Alice, amie de longue date (quelque 40 ans) de Louis. Elle habite a une demie heure au sud de San Francisco et nous avons visité la ville et la région tout en habitant chez elle. Merci Alice pour ces jours extraordinaires passés chez toi.

Le pont, le port, Chinatown, Sausalito – tous des lieux intéressants, mais bien touristiques, même en hiver. Car tenez vous bien, il nous a suivi ! Du jamais vu en Californie, mais nous avions pluie et même neige au programme.

Une visite chez Alexander, le fils d’Alice, et sa famille nous a conduit vers les montagnes. Première halte, Sacramento et son Railroad Museum, qui nous raconte l’histoire de la construction du chemin de fer d’est en ouest du pays. Un projet énorme qui n’aurait jamais vu le jour sans les travailleurs chinois, car vu les conditions rudes et les salaires bas, personne d’autre ne voulait poser ces rails. Une petite section du musée leur rend hommage depuis peu, la gloire étant allé aux patrons blancs, qui ont aussi engrangé les bénéfices.

Direction Yosemite Park, où nous rencontrons nos amis autour d’un repas d’excellents burgers faits maison au barbecue, typique. C’étaient nos premiers hamburgers du voyage!

Cette belle étape nous a emmené jusqu’à la neige. Au bout de quelques jours nous avons retraversé la vallée de la Californie pour retrouver le Pacifique à Pismo Beach. Ville choisie au hasard, mais où nous avons découvert un bosquet à papillons migrateurs, où des centaines de Monarchs viennent passer l’hiver loin du froid de leur patrie au Canada et au nord-est des Etats-Unis.

Notre chemin nous emmène de plus en plus vers le sud. Los Angeles s’étend devant nous avec ses autoroutes jusqu’à 10 pistes qui se croisent sur trois ou même quatre niveaux, où les voitures ont le droit de dépasser de tout les côtés. Mais j’ai un as comme pilote, et habituée à mon rôle de navigatrice à la carte (merci google maps) , nous trouvons notre route dans cette jungle urbaine.

Laissant LA derrière nous, nous roulons toujours vers le sud, San Diego cette fois, où nous visitons Balboa Park. Cet ancien terrain d’expo universelle (1900 et 1935) est devenu un énorme parc avec musées, jardins, ateliers d’artistes et même le zoo s’y trouve. Les températures sont estivales pour nous, et nous mettons les T-shirts.

De San Diego, nous quittons la côte du Pacifique et piquons à travers la montagne vers l’Arizona, où nous sommes attendus à Phoenix, chez Anne-Marie et Tim.

J’étais fascinée par cette cité en plein désert, et aussi par ce désert finalement pas si désert que ça. Dans ce climat très aride – l’Arizona porte bien son nom – vivent une flore et une faune parfaitement adaptés aux conditions. Tous ces cactus et autres plantes grasses ou épineuses forment une forêt pleine de vie et de beauté.

Visite du Desert-Museum à Tucson, mais aussi d’Old Tucson, ville de cinéma, où ont été tournés une grande quantité de Westerns. Aujourd’hui on peut la parcourir tout en regardant les coulisses de films et des petits spectacles parodies.

De retour à Phoenix, nous avons vu le Mistery Castel, un « château » construit uniquement avec des déchets, et ceci durant les années 1920 – 1950 par un père qui avait promis un château à sa fille. En raison d’un diagnostic de tuberculose, il s’était expatrié dans ce climat sec et n’a plus donné signe de vie à sa famille. Après sa mort, son avocat a retrouvé son épouse et sa fille. Quand elles ont vu l’édifice, elles en sont tombées amoureuses et ont passé le reste de leur vie dans ce cadre incroyable, sans beaucoup de confort et surtout sans eau à proximité.

Un autre highlight était le weekend passé avec nos amis au festival de Renaissance qui à lieu tous les ans en février. Pendant un mois, tous les weekends c’est la fête et les gens s’habillent comme ils s’imaginent qu’étaient vêtus les gens au 15ème siècle. Il y a beaucoup de place pour la fantaisie…

Nous avons passé une dizaine de jours merveilleux avec les amis – Merci Anne-Marie et Tim. Mais le temps avance, et nous devions songer à notre retour en Californie. Bien sur, pas par le même chemin, mais en passant par Las Vegas. Je voulais quand même avoir vu cette ville une fois dans ma vie. Cap au nord donc, passant par le Hoover-Dam pour arriver dans la ville des casinos.

Il paraît qu’il faudrait quatre ans de pluies normales pour remplir le lac à son niveau habituel.

Arrivés à Las Vegas, nous avons évidemment visité les casinos. Chacun a son thème de déco et on peut passer sa journée à marcher des uns aux autres à regarder le spectacle. Bien sûr, nous avons joué aussi – c’est incontournable ici. Et nous avons royalement perdu 20$ en faisant le compte des gains et des pertes. Comme quoi, ce n’est jamais le casino qui perd …

La météo étant à la neige et notre voiture équipée de pneus d’été, nous n’avons pu aller voir le Grand Canyon, et au lieu de deux, nous sommes restés quatre jours à Las Vegas. Sitôt le ciel éclairci, nous avons repris la route, vers Death Valley cette fois. Elle descend à -85m sous le niveau de la mer et il y règnent normalement des températures autour des 50°C. Nous y avons rejoint un agréable petit 18°C et un lac qui n’existe pas en temps normal. Pour en ressortir à l’autre bout, nous avons même rejoint la neige. Heureusement, la route était dégagée.

Nous nous sommes dépêchés de rejoindre la Californie, passant encore un col enneigé le lendemain, car les météorologues annonçaient encore un front de neige pour le surlendemain. Bonne inspiration, car après cela, les cols étaient fermés pour plusieurs jours, et notre avion était prévu une semaine plus tard. De retour de ce côté des montagnes, nous avons rejoint le printemps. Pendant notre absence, les amandiers se sont mis à fleurir et nous nous sommes fait un plaisir de suivre le Blossom-Trail. Des kilomètres à travers les vergers en fleur, un spectacle magnifique.

Notre tour de l’ouest américain arrive à sa fin et nous retournons chez Alice près de Half Moon Bay pour quelque jours, histoire de rendre la voiture et refaire de l’ordre dans nos bagages avant de nous envoler pour Houston. La suite de nos aventures américaines suivra dans le prochain chapitre – à tout bientôt !

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