En route pour nos quartiers d’hiver
Cap au sud, nous traversons le Skagerrak, bras de mer réputé être agité. Le vent vient du nord-ouest et nous pousse en direction du Danemark. Nous visons l’entrée du Limfjord et arrivons à Tyborön à trois heures du matin. Au lieu de nos cinq nœuds habituels, Naviot a galopé a sept nœuds rien qu’avec la grand-voile, réduite d’un ris. Du coup, nous arrivons avant le lever du jour – l’atterrissage de nuit étant un exercice que nous n’avions plus pratiqué depuis longtemps – dur, dur… De retour au Danemark, nous retrouvons ses paysages doux aux longues plages de sable et le fjord très protégé qui traverse tout le nord du Jutland. Ils y cultivent huîtres et moules que nous goûtons avec plaisir.
La météo nous sourit, et nous pouvons traverser le fjord tout à la voile en suivant les chenaux navigables. Ils nous ramènent en zigzag vers la mer baltique, bien plus tranquille que la mer du nord. A la sortie, on tourne à droite, et nous relongeons cette côte, comme il y a deux ans, quand nous arrivions d’Ecosse. Mais il y a tellement de possibilités ici, que nous ne nous arrêtons qu’une fois dans un port que nous avions déjà visité. Sinon, tout reste découverte pour nous. Notamment la ville d’Aarhus avec ses beaux quartiers de vieille ville, et son quartier près du port, tout neuf, d’une modernité audacieuse, incroyable. Quel contraste !
Août avance, et nous avons rendez-vous le 25 avec Marc du coté de Hamburg. Il ne nous reste plus qu’à avancer. Cap au sud, vers Kiel, où nous prendrons le Nord-Ostseekanal. Mais avant de traverser l’écluse, nous rencontrons encore une fois nos amis Brigitte et Heinz de Lübeck qui viennent tout exprès en voiture à Heikendorf. Quel plaisir !
Le lendemain nous passons l’écluse de Holtenau pour la troisième fois. Une nuit à Rendsburg réveille en nous les souvenirs de notre séjour il y a deux ans, mais cette fois, nous continuons vers l’ouest et l’Elbe.
Sortis de l’écluse de Brunsbüttel, nous remontons le fleuve jusqu’à Glückstadt, où Marc nous rejoint un dimanche soir, après avoir traversé toute l’Allemagne en train. C’est un exploit, avec huit changements de train et même un bout en bus pour cause de chantiers multiples sur le trajet. Avec lui, nous descendons l’Elbe. Dernière escale en Allemagne à Cuxhaven, et nous profitons d’une fenêtre météo favorable pour avancer vers les Pays-Bas. A trois, il est aisé de naviguer de nuit, chacun faisant 3 heures de quart avant que le jour revient.
Le lendemain nous ancrons derrière l’île de Vlieland avant de pénétrer dans la Waddenzee, cette zone peu profonde entre les îles de Friesland et le continent, qui se couvre et découvre au gré des marées. Elle est traversée de quelques chenaux plus ou moins profonds, navigables selon la direction des courants. Il fait beau, et on dirait que tout le monde veut rejoindre l’IJsselmeer ce jour là.
Vers 16h nous arrivons à l’écluse de Kornwerderzand et pouvons juste encore passer le pont ouvrant devant l’écluse – avant dernier bateau, après ils l’ont fermé jusqu’au prochain passage. Une fois la porte de l’écluse ouverte, tout le monde se précipite. Elle se remplit, se remplit, et nous suivons pour nous amarrer au milieu de cette foule. Nous n’avions jamais vu une écluse aussi pleine que ça.
Tout se passe bien, nous discutons avec nos voisins qui rigolent de notre étonnement. Apparemment c’est courant ici en fin de weekend quand tout le monde rentre. Nous amarrons à Hindelopen, charmante petite ville que nous avions déjà visité lors d’un weekend de régate où Marc avait couru à Workum il y a une dizaine d’années.
Nous traversons l’Ijsselmeer à la voile jusqu’à Enkhuizen. A l’arrivée, nous avons la chance de pouvoir entrer à travers un petit pont levant dans le vieux port. Nous amarrons dans la vieille ville -exceptionnel !
A Enkhuizen se trouve un musée superbe. Sorte de petit Ballenberg qui montre la vie dans la région il y a 100 à 150 ans. On peut rentrer dans les différentes maisons et même dans les bateaux amarrés dans le petit port du musée.
Nous nous remettons en route direction Amsterdam un jour sans vent, c’est la brise volvo qui nous pousse. Il y en a qui profitent de l’absence de vagues pour déménager…
Une petite halte à Amsterdam, et nous ressortons en mer du nord par les écluses d’Ijmuiden. De nouveau, nous profitons d’être à trois pour naviguer toute la nuit et arriver à Zeebrugge le lendemain. Petit vent tranquille, mais pas mal de bateaux et un chantier d’éoliennes à éviter dans le noir. Avec ou sans lune, ça fait une différence. Les aides à la navigation comme une bonne carte électronique, la VHF et un AIS s’avèrent bien utiles.
De Zeebrugge, un port bien abrité, nous prenons le train pour visiter Brugge. Belle ville, même par météo pluvieuse.
Une portion de moules/frites et une gaufre plus tard, nous longeons encore cette côte pleine de hautfonds jusqu’à Nieuwport. Un grand repaire des frères de la côte – le voilier en face de notre place d’amarrage arbore le pavillon. Loulou va leur dire bonjour, et le soir même nous allons partager un verre avec eux dans le cadre de l’apéro du ponton du samedi soir. Un accueil vraiment sympa – merci l’équipe! Nous voulions avancer rapidement jusqu’au Havre pour que Marc puisse effectuer un maximum de milles marins afin de valider son permis mer, mais voilà que la météo ne nous a plus souri. Une dépression avec de forts vents d’ouest s’est pointée et nous sommes restés coincés une semaine au port. Repos donc, et assez de frites jusqu’à la fin de l’année… Une dernière petite étape, et Marc débarque à Dunkerque d’où il prend le train pour rentrer – un seul changement à Paris, bien quand même, ces TGVs. Nous continuons en longeant la côte d’albâtre. Devant Calais, nous voyons même les falaises de craie anglaises.
Notre dernière étape est sportive. Nous sommes en période de forte marée et Carentan, notre but est au fond de la baie de Seine, coté Cotentin. Cela signifie que nous ne pouvons accéder au port qu’avec la marée montante, à partir d’un certain niveau d’eau. Ce sera bon à 10h du matin. Nous calculons notre route avec 6kn de vitesse. Départ vers 15h, vendredi après-midi – soleil, vent et courant dans le bon sens, nous pensons que ce sera facile. Loin de là – tous ces effets positifs nous font avancer trop vite (8-9kn), et pour la première fois, nous avons du ralentir le bateau pour ne pas arriver trop tôt. D’abord sous voile réduite, ensuite sans voiles ni moteur nous avançons encore à 4,5kn. À 6h du matin nous devons tirer un bord vers le nord pendant deux heures, puis revenir en arrière pour être à l’entrée du chenal à la bonne heure. Ce petit bord en travers de la houle et du vent nous à évidemment bien secoué, et un mal de mer corsé nous à terrassés ces quatre dernières heures de navigation de l’année. J’y avais échappée jusque là cet été, mais la mer ne voulait pas que je ne paye pas mon ticket…
Nous amarrons à Carentan bien fatigués vers midi. L’accueil par le responsable du port est très sympa et il nous octroye une bonne place près des commodités pour passer l’hiver. En tout, nous avons fait 2323 milles nautiques cet été, et le Naviot mérite bien cette halte pendant laquelle nous effectuerons quelques travaux pour le garder en bonne forme.
One thought on “En route pour nos quartiers d’hiver”
Coucou les navigateurs, encore des périples de fous ! Tellement intéressant à lire et à déguster 😊 à bientôt !